Que c’est « cool » la route quand on découvre les paysages pour la première fois, quand on traverse des petites villes, des villages avec la vie à portée de regard, même s’il faut être très attentif aux nombreux nids d’hippopotame de poule sur la route défoncée, et slalomer pour les éviter, tout en évitant les autres véhicules qui ont la même préoccupation en sens inverse, et dont les conducteurs sont par ailleurs eux-mêmes probablement « défoncés ». Et oui, « défoncés », car fumer la Ganja pour un Jamaïcain est presque un art de vivre, ou plutôt, je crois, un exutoire à sa condition de vie difficile. Partout les hommes, surtout les hommes, fument, partout on sent l’herbe, les yeux sont rouges, le regard hagard mais sans agressivité : la Ganja est pacifique et non violente… Ya man !
En tout cas c’est ce qu’on a vu et ressenti ! Le pays détient par contre le triste record mondial de la criminalité, mais ça c’est dans les ghettos, entre les bandes rivales pour le contrôle du trafic de drogue, et ce sont des endroits où on n’a pas mis les pieds !
Je roule maintenant comme les Jamaïcains (ou presque) à forcer le passage au moindre obstacle et j’aime rouler. La musique reggae de Bob Marley dans la voiture est un hymne à la coolitude et l’air conditionné évite de transpirer à grosses gouttes.
Sortie de classe
Mais qu’est-ce que j’entends ? De grosses pétarades d’un engin qui a perdu son pot d’échappement, ou qui n’en a jamais eu ! C’est un jeune à moto que je n’ai pas vu venir dans le rétro et qui nous double sur la roue arrière, en tong, short et t-shirt et bien sûr sans casque (équipement qui coute probablement trop cher). Celui-là veut vraiment nous impressionner et c’est chose faite, mais ceux qui le seront vraiment (impressionnés) seront les services de secours (s’ils existent) qui le ramasseront en vrac sur la route tôt ou tard. C’est dingue comment ces petites motos complétement débridées vont super vite, surtout sur la roue arrière… et font beaucoup de bruit !
Ce n’a malheureusement pas été un cas isolé ce qui m’a fait penser que Carole et moi avons des têtes de touristes impressionnables.
Il y a toujours quelque chose qui impressionne en arrivant dans un pays qu’on ne connaît pas : pour nous ce qui a été frappant (pas en vrai heureusement !) en sortant de l’aéroport de Mobay, bien avant la chaleur moite et la sueur qui coule dans le dos, fut la vision des Jamaïcaines rentrant au pays ; elles sont grosses, énormes, obèses, et si elles ne font rien pour leur santé, c’est l’option fauteuil roulant qui les attend à 40 ans ! Des gros culs, mon dieu que c’est laid, surtout dans des vêtements fluos montrant fièrement leurs formes voluptueuses et dessinant à merveille leur trop plein de gras et de cellulite. Ah oui, autre chose : des employés de l’aéroport fumaient de la Ganja comme dans d’autres lieux on fume des cigarettes !!!
Sur les falaises de Negril
On en a vu passer des cohortes de filles et des pétards durant les 3 heures à attendre que notre voiture de location soit enfin prête ! Bon très rapidement c’est lassant, et comme il était l’heure de déjeuner on a gouté au plat local dans la bicoque qui faisait office de restaurant de l’aéroport : le poulet « jerk » ou poulet frit avec une sauce spéciale. On a trouvé le plat plutôt bon et en vrai c’était le meilleur qu’on ait mangé sur l’île.
Car on ne le savait pas encore, mais la cuisine Jamaïcaine n’est pas OUF ! Les produits de base sont peu nombreux et les préparations des plus simples, et ça c’est quand les produits de base sont disponibles ; tout dépend de la saison.
Lors d’un tour en bateau Je n’ai pas tout compris du discours du capitaine quand nous voguions sur la black river normalement infestée de crocodiles, sinon le fait qu’il terminait ses phrases inlassablement par un « Ya man ». C’est toujours pareil, après une semaine en immersion mon anglais à disparu : je ne comprends plus rien et impossible de sortir la moindre phrase intelligible.
Dès qu’on a eu payé la balade et qu’on était à bord de sa barcasse en compagnie d’un couple d’Italiens peu loquace, il nous a gentiment prévenu que comme c’était la saison des pluies, c’était pas la saison des crocodiles, et donc qu’on n’en verrait peut-être pas beaucoup. Ce qui en de telles circonstances ne présageait rien de bon ! Y-a une saison des crocodiles !?!? Il faut croire que oui, car on n’en a pas vu la queue d’un !
Dans la distillerie de rhum de Appleton Estate
Le lendemain dans un village de pêcheur, point non plus de langouste à se mettre sous la dent car ce n’était pas la saison ! Ils sont partis où les crocos et les langoustes ? en vacances, comme nous ?
Notre guide papier : « le petit fûté » qui raconte n’importe quoi sur la Jamaïque et qu’on n’achètera plus, indiquait un joli port de pêche où les Jamaïcains venaient le weekend manger, outre des langoustes, des produits de la mer et se baigner… quand on a demandé dans le premier restaurant venu des fruits de mer ou des poissons frais on nous a tout de suite proposé de faire notre choix… dans le congélateur ! Merde c’est pas non plus la saison du frais ! On a malheureusement été pris au dépourvu et on n’a pas demandé : « mais c’est quand la saison ? ».
Quant à la plage où s’alignaient les bateaux de pêche, au sable noirci par les hydrocarbures et joliment décorée par les déchets plastiques en tout genre et les dépôts d’ordure sauvages (ou pas) : comment dire… on a préféré passer notre chemin.
Retour de la pêche au village d'Alligator pond
Mais qu’est ce qui fait que ce pays est au final très attachant ?
Sont-ce les habitants au bord des routes, dans les villes, en guenilles ou avec des vêtements sales, signes d’une population pauvre ? (OK, je ferai bien de fermer ma gueule car je suis souvent habillé avec des vêtements usés d’un autre âge et pas toujours très propres !)
Ou bien les nombreux containers qui ne verront plus jamais la mer, rouillés ou peints et qui sont disposés pêle-mêle le long des routes servant d’échoppes, de garages, de maisons, d’entrepôts, etc… ?
Peut-être les maisons de bois branlantes, sur des parpaings, qui ne résisteront pas au prochain ouragan, peintes aux couleurs du drapeau Jamaïcain ou aux couleurs du rastafarisme, les échoppes de fruits sur le bord des routes ?
Ou les plages, dont certaines sont magnifiques et dont leur beauté est directement proportionnelle au ticket d’entrée ? car elles sont en très grande majorité payantes avec un prix atteignant quelquefois celui d’un parc d’attraction !
On a largement dormi chez l’habitant, nagé dans les eaux limpides des rivières au bord des cascades, la première fois avec notre guide de circonstance, Francisco, tellement cool qu’on a fini chez lui, dans sa modeste barraque à gouter les mangues de son jardin. On a vogué tranquillement sur un rafting Jamaïcain tout en bambous, roulé dans une végétation tropicale exubérante, discuté avec les vendeurs patentés des marchés à touristes, mangé dans les restaurants locaux ou dans la rue, visité une rhumerie, on s’est émerveillé dans un sanctuaire pour oiseaux-mouches où ça volait de partout.
A chaque fois la rencontre avec les Jamaïcains a été cordiale, chaleureuse, sympa : « one love, respect, one people ». Et c’est surement pour cette raison qu’il faut faire un tour dans ce pays un peu oublié des destinations européennes du moment.
Baignade en eaux vives à Reach falls
A la fin du séjour on s’est retrouvé dans un hôpital (ou une clinique) dont la construction n’avait pas été terminée et qui s’était reconverti en hôtel pas cher. La conception était un peu bizarre avec de larges corridors, avec des chambres où les fenêtres étaient tellement hautes qu’il était impossible de les ouvrir ou de les occulter, et des matelas encore enveloppés de film plastique. En tout cas, pas un lieu où tu as envie d’être hospitalisé ! Dans cet hôtel on avait droit à un petit déjeuner très « local » servi le matin par le gardien dans une boîte en plastique. C’était pour moi l’occasion de gouter au célèbre plat national : le ackee (fruit local) avec de la morue, et justement c’était sur le menu. Le personnel de l’hôtel, au demeurant très serviable, a eu un peu de mal à me dire que ce serait difficile pour eux de me le servir, car ce n’était pas la saison du ackee ! Ya man !
Belle maison délabrée en bord de route - côte nord