Le volcan Villarrica au Chili est un volcan actif qui domine le lac du même nom et la ville de Pucon du haut de ses 2848m. Le cône volcanique est constamment sous la neige et la gueule béante du monstre a des relents torrides. Pouah, il a mauvaise haleine !
La plupart du temps le volcan est calme et on peut grimper à son sommet. Toute les agences de la ville proposent son ascension uniquement si le voyant du poste de surveillance sismologique est au vert et si la météo est favorable. On nous prévient également que la grimpette peut s’arrêter à tout moment si les nuages de gaz toxiques du volcans sont rabattus par le vent sur ses flancs. Merci pour toutes ses précisions peu engageantes ! Arrivés au sommet, on a vite compris pourquoi les restrictions existaient après avoir inhalé les vapeurs sulfuriques et brulantes; c’est la même sensation quand tu manques d’air en apnée à 15m de la surface, mais en 10 fois pire !
Et nous voilà partis, casque sur la tête, sac à dos, chaussures de marches, piolet et fleur au fusil ! Les crampons sont restés dans le sac, on peut s’en passer paraît-il bien que les autres groupes les ont tous aux pieds. Nous sommes 14 personnes dont 12 Français en rang d’oignon et dans les traces des guides. Les autres groupes sont partout et font leurs propres traces avec les crampons. La pente est raide et la neige est dure, il nous faudra près de 4 heures pour arriver au bout avec quelques précautions sur une partie du glacier, probablement à cause de crevasses ou d’un risque d’avalanche.
Notre route croise assez souvent des couloirs de glace façonnés comme des pistes de bobsleigh et on a du mal à imaginer qu’on va s’en servir pour redescendre sur les fesses tellement c’est abrupt. Et pourtant nous avons dans le sac une petite luge de gosse qu’on va vraiment utiliser par la suite dans les couloirs en question.
Tout en haut la vue est superbe sur cette région verdoyante de lacs et de collines. Les sommets enneigés en enfilade d’autres volcans se distinguent nettement dans le paysage. Parmi eux le plus actif du Chili, le LLama (prononcer Jama) paraît sage au loin. Et surtout il y a le trou profond du cratère. De l’endroit où nous sommes la lave n’est pas visible mais on entend distinctement que ça bouillonne comme dans une marmite géante. Ca clapote au fond, ça fait gloup gloup, et par moment le trou renvoie une bonne dose de gaz toxiques. L’excavation est parfaitement cylindrique et presque lisse. On s’attend à tout moment à voir surgir des fontaines de lave, mais fort heureusement cette alternative n’échoit pas. Vers le haut du cratère les couleurs vont de l’ocre au vert et la neige est maculée de boue volcanique marron où les chaussures s’enfoncent comme dans du beurre. A certains endroits et en fonction de la direction du vent l’air est véritablement irrespirable et je ne tenterai pas 2 fois l’expérience de m’y aventurer à nouveau.
A la pause déjeuner on mange des sandwichs au fromage et jambon avant la descente sur les fesses à la queue leu leu et avec le piolet comme frein de secours; c’est autrement plus rapide qu’à l’aller, les sensations sont fortes et malgré les combinaisons présumées étanches nos vêtements sont trempés. Encore un autre passage fatiguant à grandes enjambées dans des éboulis de cendres et de pierres en évitant les blocs qui émergent par endroit, et la balade est terminée.
De retour dans notre chalet on se jette sur nos lits pour une sieste bien méritée.