Raid Paris - Libreville
"Jean, on y va ?" Au moment même de poser la question, je connaissais déjà la réponse. C'était pas vraiment compliqué pour moi de le savoir vu que c'était la quatrième fois que je posais la même question avec invariablement la même réponse : "OK, on y va ..."
Pourtant on était toujours là, à faire la fête, discutailler avec les potes, boire un verre, fumer une clope, jouer aux fléchettes dans le petit appart' de Christian à 2 pas (à vol d'oiseau !) des palles toutes illuminées et immobiles du Moulin Rouge. Je me suis juré à ce moment là d'être la fois suivante plus vindicatif du genre : "Jean, on part !" ou encore : "Jean, tu fais chier, on dégage !", en le tirant par le bras pour éviter tout malentendu ...
Et mon Jean je le surveille, faut pas qu'il déconne, on a de la route à faire !
Quelques verres plus tard, on est enfin parti de la fête avec certaines actions à finaliser en perspective avant d'attaquer notre grand voyage vers le sud. D'abord on va chercher chez mes parents le vieux Land Rover repeint à neuf dans et sur lequel j'ai déjà empilé tous les bagages, médicaments, pièces mécaniques, jerricans, pneus de rechange et autres plaques de désensablage. Plus tard on roule dans la nuit, dans une ambiance digne du Paris - Dakar pour les Nuls, direction Orléans, pour récupérer les affaires de Jean, où, stupeur, je découvre que le bougre n'a rien préparé et qu'il n'est pas forcément rapide à la détente.
Je suis tellement furax qu'il m'est impossible de piquer un petit roupillon salvateur et je vais le regarder faire son paquetage en pestant car il va presque systématiquement hésiter pour chaque vêtement qu'il entasse dans son sac : "Je prends le gris, ou je prends le beige ?"