Madagascar s'écrit avec un grand M..
M comme Magnifique avec sa terre rouge, ses rizières, ses lémuriens, ses villages, ses forêts... Enfin ce qu'il en reste, celles qui n'ont pas été brulées ou dévastées.
Car Mada c'est aussi le M de misère avec tout ce que cela comporte d'insalubrité, d'insécurité, de croyances en tout genre.
Car depuis 5 ans c'est le M de militaire et des politiciens sans scrupules qui pillent l'île de toutes ses richesses jusqu'à la rendre exangue. Quand la loi du plus fort devient un dogme d'état, il n'y a rien d'étonnant à ce que braquage de banques ou de touristes soient monnaie courante (on se demande d'ailleurs qui leur fournit les armes?)
Quand ils en auront fini et qu'il n'y aura plus rien à piller, alors ils iront s'exiler à Neuilly sur Seine sous couvert de leur double nationalité et restitueront ce qui reste à ceux qui savent la rendre si belle : les Malgaches. Car il y a une richesse qu'ils ne pourront jamais leur prendre, leur sourire. Espoir ou insouciance ? si certains sont des anges le jour et des démons la nuit, il y en a parmi eux qui sont conscients de cette chronique d'une mort annoncée : Monsieur SETA (avec un grand M s'il vous plaît), notre chauffeur et guide. La cinquantaine joviale, amoureux de son pays et de ses habitants, surtout de ceux qui portent en eux l'espoir de Mada : les enfants, 60% de la population, pour la plupart livrés à eux mêmes, astreints à des tâches difficiles et souvent à la mendicité. Ils sont "tristes" mais vous le disent avec un grand sourire et quelques bonbons, un cahier, un stylo sont pour eux une mane providentielle.
Seta donc, prononcez "Set" car ici on mange les voyelles à la fin des mots, à défaut d'autre chose.
Chauffeur depuis 20 ans, cultivé, généreux, qui veille sur ses clients comme sur la prunelle de ses yeux. Mais sa bonne humeur parvient difficilement à cacher sa colère et sa révolte. Et ce ne sont pas les (trop) nombreux barrages de police qui jonchent la nationale 7 qui vont l'impressionner; d'autant qu'on a un joker à l'avant de la voiture : Pascal. Avec sa coupe de para, sa casquette bolivienne, ses fausses rayban Décathlon et ses T-shirts kakis ils le prennent pour un gradé de l'armée (pour une fois qu'il peut jouer les rambos sans qu'on soit mort de rire, qu'il en profite!).
Seta connaît tous les recoins de son île, il sait vous en montrer la beauté pour tenter de masquer l'envers du décor.
Alors ce sera peut être à vous qui me lisez, de faire de Mada votre prochaine destination. Pour ne pas contribuer à son isolement, pour que la démocratie remplace la milice et pour que l'avenir s'écrive avec le M de Meilleur.
Et même si pour l'instant nous ne sommes que des purs voyeurs de misère, spectateurs impuissants de ce sous-développement durable, sur Mada la magnifique, les vazahas seront toujours les bienvenus !